•  Précédemment dans notre entretien avec Carlos Huber une synesthesie poetique

     

    PVO : Votre dernière création, Boutonnière n°7, fait référence à la ville lumières, à Paris, à l’Opéra-Comique du mois de mai 1899.
    Ce parfum évoque également sept hommes en pleine séduction : cette fragrance représente-t-elle la première représentation de Cendrillon le 24 mai 1899 ? Ou symbolise-t-elle la France comme le pays de l’Amour ? Est-il une sorte d’ « accroche cœur », de Cupidon olfactif ?

    CH : Tout à fait, il renvoie à la représentation de Cendrillon du 24 mai 1899 de Jules Massent à l’Opéra-Comique. Le groupe d’hommes que nous évoquons ici est celui de Reynaldo Hahn et Marcel Proust, amis du compositeur et aux parfums utilisés par les dandies de l’époque – ils les vaporisaient sur leur boutonnière en gardénia lors de leurs soirées à l’Opéra.

     PVO : Que nous conseillez-vous : nous mettre du parfum sur les habits ou directement sur la peau ?
    CH : Je fais les deux – c’est bien d’en mettre sur les vêtements plutôt que pas du tout, mais la vraie magie c’est d’en mettre sur la peau … La réaction chimique qui a lieu alors et la rencontré avec l’odorat est particulièrement intime.

     PVO : A votre avis, est-il possible d’être élégant sans parfum ?
    CH : Le parfum c’est l’élégance, mais l’élégance ce n’est pas seulement le parfum. Pour moi, l’élégance réside surtout dans les bonnes manières et dans un sourire franc. L’élégance d’une personne ne réside pas seulement dans son apparence, mais dans sa façon d’être avec les autres.

     PVO : Comment choisissez-vous votre parfum ?
    CH : Patiemment : il faut l’essayer sur la peau et voir comment il évolue dans ses différentes phases (du premier essai à sa fixation).

     NPS : Quels projets avez-vous pour le futur ?
    CH : En février nous avons lancé aux Etats-Unis et en Europe une bougie élaborée en collaboration avec la marque française Cire Trudon. (Voir la photo) Je suis particulièrement ravi car c’est la première fois qu’ils permettent à une commission de créer une bougie dans une maison de parfumeurs. C’est la première fois depuis 1643 lorsque Louis XIV a donné la permission à la compagnie le titre officiel de Manufacture Royale de Bougies. Notre création est basée sur l’histoire franco-mexicaine, celle de la visite en 1865 de l’Impératrice Charlotte dans la ville de Mérida (Yucatan). Nous nous sommes focalisés sur les lettres écrites à Maximilien qui décrivaient la ville et sa population. La bougie a été conçue avec le goyavier situé dans le patio central où logeait l’Impératrice. Les notes sont celles d’un fruit mur, d’une fleur, d’un tronc et même d’un bois tropical, celui de la vigne et des pergolas du jardin.

    Arquiste continue son développement aux Etats-Unis, en France et dans le reste de l’Europe. Pour fin 2013, nous irons explorer le Moyen-Orient et l’Australie. Je cherche à profiter toujours plus de mon travail dans la parfumerie et à participer à de nouveaux projets dans la restauration.

     PVO : En un mot, comment pourriez-vous résumer ce que représente le parfum pour l’humanité ?
    L’évocation.

    Un très grand merci à Carlos Huber du temps passé à répondre aux questions pour blogbeauté12.
    (Photo : cire trudon)


    votre commentaire
  • Précédemment, Carlos Huber le fondateur de la marque ARQUISTE, s'est mis à nu   Carlos Huber à nu   puis nous a présenté l'architecture d'un parfum : Architecture d'un parfum

    PVO : Vous souhaitez créer une fragrance qui soit une espèce de photographie momentanée d’un événement lointain – à la façon de Proust : Pourquoi choisir le passé ? S’agit-il de raconter une histoire en décrivant une atmosphère ou craignez-vous l’avenir ?
    CH : Quelle drôle de formulation ! L’avenir ne m’effraye pas du tout ; si je m’intéresse au passé c’est justement pour vivre l’avenir pleinement et avec sagesse (ce qui nous procure un plus grand calme et une meilleur compréhension, vous ne croyez-pas ?). Je m’inspire d’une histoire, je m’immerge en elle, pour découvrir une atmosphère, pour la reconstruire à partir d’une expérience olfactive. En en faisant l’expérience dans le présent, je la connecte à nos vies. Selon moi, l’histoire n’est véritablement intéressante que lorsque te va droit au cœur… Je voulais montrer ce que plusieurs lieux que j’avais pu visiter avaient engendré dans ma vie, et c’est une belle démarche que ressusciter des histoires lointaines spatialement et temporellement à travers les odeurs. Nous venons tous de la même planète et nous nous unissons physiquement aux lieux en fonction des émotions et des idées.

     NPS : Chacun de vos parfums a une identité, symbolise un univers, quel en est le but ?
    CH : Evoquer une atmosphère, une histoire, une émotion particulière. L’odorat, en plus d’être connecté intimement avec la mémoire, a cette incroyable capacité de pouvoir toucher notre âme. Avec chaque parfum nous approfondissons cette recherche du lieu et du moment historique que nous avions oubliés. Nous pouvons ainsi “rêver” un peu plus longtemps. Il ne faut pas confondre le parfum avec une simple odeur : celui-ci est bien plus évocateur, artistique et romantique. Il en devient sublime.

    NPS : Vous citez souvent Baudelaire, Proust etc. Pourrait-on rapprocher votre travail de la synesthésie poétique ? Si oui, pourriez-vous le définir ?
    CH : Oui, c’est une expérience qui, à travers l’odorat, nous ouvre des portes mémorielles, émotionnelles. C’est une révélation.

     NPS : Quelle fragrance de votre propre composition préférez-vous ?
    CH : En fait, chaque parfum a été réalisé en fonction d’un lieu qui m’a interpellé et évoque des cultures familières pour moi. Cependant, ceux que je porte le plus souvent sont “Fleur de Louis” et “Boutonnière No.7” : j’aime beaucoup les odeurs fleuries et j’ai toujours de bons retours quand je les porte.

     PVO : De façon général, quelles odeurs aimez-vous ?
    CH : Le gardénia, pur et frais, presque sauvage, la fleur d’oranger, douce, animale et fraîche en même temps, l’odeur du pain qui vient d’être sorti du four, l’odeur des noix grillées et celui de la peau dorée par le soleil après une journée à la plage (salé, un peu velouté).

     PVO : Que représente le parfum pour vous ?
    CH : Beaucoup, c’est une véritable passion et une grande richesse au quotidien.

    NPS : Avec la richesse en flore de l’Amérique Latine, on pourrait faire beaucoup de chose au niveau de la parfumerie : pensez-vous développer votre activité dans cette zone ?
    CH : L’un de mes projets est de porter l’attention du monde de la parfumerie vers l’Amérique Latine ; beaucoup de matière première est d’origine latino-américaine et il faut que nous en prenions conscience non en tant que « source de production » ou « d’inspiration » … Je souhaite mettre l’accent sur notre héritage aromatique mais surtout sur notre capacité de création et d’entreprise. J’adorerais lancer Arquiste sur les marchés latino-américains.

     PVO : Et en France ?
    En France, je suis très content de la réception qu’a eu Arquiste – nous sommes représentés dans L’Eclaireur et Jovoy à Paris, en plus d’être présents dans de nombreux points de vente prestigieux dans le pays. La presse nous a également très bien accueillis ! Nous concentrons nos efforts sur le marché français et nous avons eu la chance de nous présenter au moment où les esprits s’ouvrent par rapport aux marques étrangères et aux concepts différents.
    (photo : ARQUISTE)
    Concluons sur une note d'élégance et d'avenir : ARQUISTE DEMAIN


    votre commentaire
  • Précédemment Carlos Huber, le fondateur de la marque ARQUISTE, s'est laissé deshabiller par blogbeaute12, c'est ici  Carlos Huber à nu

    NPS : Quelle est votre méthode de travail pour réaliser une fragrance ?

    CH : Le processus du développement de chaque nouvelle fragrance peut prendre un an à un an et demi. D’abord, je recherche un lieu ou un épisode historique qui m’intéresse, j’en étudie les détails physiques (architecturaux ou naturels), les anecdotes y les coutumes qui y sont liées. Je commence alors à identifier les ingrédients que nous devrons utiliser. Lorsque j’ai assez d’information, je donne ce « brief » historique aux parfumeurs et nous entamons un travail en équipe durant plusieurs sessions hebdomadaires pour sentir, tester et modifier les compositions, jusqu’à ce que nous arrivions au résultat escompté. D’un côté ces derniers – c'est-à-dire Rodrigo Flores-Roux et Yann Vasnier – donnent leur point de vue concernant le rendement de la fragrance ; d’un autre côté, je veille à ce que la valeur historique et la fidélité ne soient pas oubliées. C’est important que les ingrédients acquièrent les mêmes rôles qu’ils avaient dans l’histoire, mais nous devons également être réalistes en créant des parfums attractifs et évocateurs pour un nez du XXIè siècle.

     PVO : Selon vous, peut-on faire un parallèle entre la création d’une fragrance et celle d’un bâtiment, d’une œuvre architecturale?

    CH : En réalité, je considère Arquiste comme faisant partie de ma pratique de préservation historique (en quelque sorte, une spécialité à l’intérieur du monde de l’architecture), à cause de toutes les recherches auxquelles nous procédons et de l’approche théoriques que nous avons pour chacun de nos parfums. C’est pour cela qu’aujourd’hui je poursuis des pistes diverses … je fais des recherches et je visite des lieux historiques, je fais du design de produit, je pense aux techniques de marché et à la promotion, à l’administration et à la distribution … C’est un travail très complet et j’adore pouvoir combiner ma passion pour l’histoire et pour le design dans quelque chose d’aussi pratique et immédiat.

                L’architecture est quelque chose d’originel et j’oserai presque dire que c’est la « raison d’être » d’Arquiste. En appréhendant le parfum comme une pièce de design et de restauration contemporaine, chaque parfum renvoie au passé tandis qu’il interagit avec un point de vue moderne. C’est comme si un architecte identifiait la valeur d’une structure et cherchait à le sauver pour lui donner un signifiant actuel. De cette façon, les parfums que nous développons mettent en lumière des histoires et des ingrédients du passé, mais au sein d’une structure moderne. De plus, le rapprochement avec l’architecture va plus loin, chaque parfum a une structure, tout comme c’est le cas pour une construction … Il y existe une base structurale (les notes de fond), une superficie (les notes de cœur) et un ornement (les notes de sorties).

     NPS : Mais l’aspect créatif et l’aspect financier ne sont-ils pas irréconciliables ?

    CH : S’il est possible de parler d’ « industrie créative », c’est que ces deux aspects sont parfaitement conciliables ; l’art pour l’art ne doit pas toujours être lié au commerce, je suis d’accord, mais la création d’un produit induit la proposition d’un service et, de ce fait, cela se transforme en échange.  Seuls les « grands seigneurs de l’esprit » du passé pouvaient se permettre d’étudier et de créer selon des intérêts privés et purement individuels.

     PVO /NPS : Vous Souhaitez vous positionner dans le marché international du luxe. C’est un véritable défi face aux noms illustres tels que Chanel, Givenchy, Hermès, Lancôme etc. Vous n’avez pas peur de la concurrence ?

    CH : Bien évidemment, c’est un défi. Mais nous sommes une marque « niche » de distribution, très sélective et notre concurrence directe n’est pas Chanel, Hermès ou Lancôme qui s’adresse plutôt à la clientèle « mainstream » qui recherche ce genre de produits et qui connaît peu le monde de la parfumerie d’auteur. Cela dit, nous sommes face à une concurrence très agressive dans notre propre milieu, mais c’est aussi ce qui nous permet d’avancer en tant que groupe ; c’est ce qui fait que nous grandissions petit à petit et que nous élargissions notre portée.

    Un parfum de poésie, c'est par là : Un parfum de poésie...


    votre commentaire
  • Carlos Huber a eu la gentillesse de répondre aux questions de Neila Pulido Sanche qui prête sa plume à blogbeauté12, ainsi qu’à Pulcherry  pour mieux comprendre le projet ARQUISTE.

    Deshabillons un peu Carlos Huber...et "Arquiste"

     PVO : D’où vient le nom « Arquiste » ?
    CH : « Arquiste » vient des mots Architecture, Art et Histoire. Ce sont des domaines qui me passionnent et qui guident le développement de chacun de nos parfums.

     NPS : Comment l’idée d’Arquiste vous est-elle venue ?
    CH : J’ai toujours été très sensible aux odeurs et j’admire vraiment la créativité des parfumeurs pour satisfaire un sens qui était jusqu’à présent mystérieux pour moi. J’aime acheter du parfum… et, évidemment, j’aime sentir bon. J’ai pris des cours de composition, de développement et d’histoire de la parfumerie avec mon ami et professeur Rodrigo Flores-Roux, le célèbre parfumeur créateur de parfums tels que Happy de la marque Clinique, Neroli Portofino de Tom Ford etc.

    Je pense également que le fait de vivre à New York, une ville où l’on rencontre constamment des gens entreprenants et où les choses bougent tellement, m’a permis de prendre de l’élan et d’acquérir de la confiance pour sauter le pas.
    Pendant mon apprentissage avec Flores-Roux, on parlait beaucoup de l’origine historique de certains parfums, de l’histoire du commerce des plantes, de la nourriture et des fleurs entre le Mexique, l’Europe et l’Asie. Je pensais alors à beaucoup d’épisodes que j’avais lus pendant mes recherches ou rencontrés lorsque je m’intéressais à la restauration. C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée d’approfondir mes recherches sur l’un de ces épisodes et d’essayer d’identifier les aromes qui pouvaient le composer. En traitant le parfum comme une pièce de design et comme une restauration contemporaine, on se rend compte que chaque parfum a un point de vue moderne. C’est comme si un architecte identifiait la valeur d’une structure et pensait à la sauver de l’oubli pour lui donner un sens actuel. De cette façon, les parfums que nous développons mettent en lumière des histoires et des éléments du passé, mais au sein d’une structure moderne.

     NPS : Vous avez travaillé au Mexique, aux Etats-Unis, en Espagne, en France, etc. Dans quelle mesure ces lieux si différents vous ont-ils inspirés pour créer Arquiste?
    CH : Comme c’est souvent le cas chez les créateurs, les lieux et les cultures qui me sont familiers ont une grande influence sur mon travail et sur ma personnalité ; j’ai beaucoup d’affinités avec la tradition espagnoles d’eaux de Cologne à base de fleur d’oranger, d’essence de lavande et d’autres types de fougères. J’aime ces eaux de Cologne de barbier classique, qu’elles soient mexicaines ou espagnoles, et je crois que j’ai appris à prêter attention aux arômes grâce à mes grands-parents qui étaient toujours d’une extrême élégance, d’une élégance latine. Lorsque je vivais en Espagne, j’adorais trouver de la lavande, de la fleur d’oranger et du romain non seulement dans les eaux de Cologne mais aussi au grès des promenades et des excursions en Méditerranée.

    Le Mexique est un pays très riche en terme d’odeurs. Les fleurs mexicaines sont l’un des apports majeurs de notre pays au monde des fragrances. Que serait la parfumerie française sans le nard mexicain? Je voyage régulièrement à Paris et je m’y sens comme chez moi. J’y ai étudié un an pendant ma formation d’architecture mais j’y suis retourné chaque année, que ce soit pour le travail ou pour rendre visite à mes amis. J’ai toujours eu une vaine francophile et j’ai toujours été entouré de livres français, d’amitiés françaises… Tout cela m’a conduit à apprendre beaucoup sur le monde la haute parfumerie. Ma famille a des origines métissées : nous sommes un mélange d’Europe de l’Est et de la Méditerranée ; on retrouve un écho de ces cultures dans Arquiste (Aleksandr y L’Etrog) …

    Je suis finalement le produit de mes voyages, de mon éducations et de mes origines multiculturelles. Je crois que la plus grande richesse de notre génération (contrairement à celle de nos parents et de nos grands-parents) réside dans la possibilité de voyager et d’appréhender le monde qui nous a formés à travers les migrations et les différentes générations.  

    Carlos Huber, l'architecte du parfum c'est par là : Construction d'un parfum


    votre commentaire
  • Sous les lumières scintillantes de cette fin d'année, le champagne coule à flot, les bulles pétillent, les habits Couture sculptent les corps. L'élégance griffe cette soirée. L'homme affiche son allure avec une aisance déroutante.
    Boutonnière N°7 de chez Arquiste, caractérise son parfum. D'abord, l'approche : de la lavande et bergamote pour une note de  fraîcheur tonique, puis en son coeur, la fragrance dévoile sa délicatesse avec la douceur de deux gardénias (citriodora et jasminoides), des genêts et des feuilles de violette. Dans son sillage, une sensualité discrète révélée par le vetiver et la mousse de chêne.

    L'homme se retourne, sourit : la somptuosité du lieu ne signe pas le sillage de ses rêves, demain est un jour nouveau. Sa carte de l'éblouissement : sa vérité. 

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique