• Alain Mikli : les lunettes qui m'en...visagent

    Les lunettes, votre passion d'enfance un rêve qui devient réalité. Alain Mikli, un groupe aujourd’hui qui emploie 350 salariés et qui a dernièrement racheté à hauteur de 75 % Vuarnet.
    Alain Mikli, pourquoi cette passion pour les lunettes ?
    Est-ce parce que le regard peut déclencher un coup de foudre ? Parce que la matière plastique, à l’époque vous fascinait ? Ou est-ce pour mieux voir le monde et être vu par lui ?

    Les lunettes m’ont choisi car j’ai choisi de faire des études d’opticien et les lunettes m’ont adopté... et je suis tombé amoureux de ce métier. Au fond,  c’est un coup de foudre :) De l'amour, de la complicité, du masochisme oui, c'est cela. Pour être toujours, 30 ans après impliqué dans ce métier, avec une telle rage, je n’arrive pas à en trouver les limites !!!
    La lunette, j’ai mis de nombreuses années à la comprendre. En effet, c’est l’objet qui s’adresse à l’être humain qui est le plus extra ordinaire , car c’est une prothèse occulaire qui d'ailleurs a lontemps été considérée comme ingrate et, qui a l’avantage par rapport aux autres prothèses, d'habiller le regard. Et le regard, c’est l’âme,  ce qui enferme tous nos secrets et que l’on dévoile très discrètement.
    Avoir cette chance de rentrer dans l’âme des gens, c’est fabuleux ! D'ailleurs, c'est aussi ce qui me permet de continuer ce métier et je ne vois pas les limites de l'âme. Ce n’est pas un phénomène de mode : c’est l’individu avec un grand "I" dans ce qu'il a d'unique. C’est travailler d’une façon personnelle et intime et non d’une manière collégiale.
    S’intéresser à l’âme, c’est respecter l’être humain, pour le séduire, le rendre plus beau, plus sexy, pour jouer avec ses contrastes, ses richesses enfouies.
    Oui, j'ai beaucoup de chance d’être tombé sur ce métier ; je ne laisserai pas ma place à quelqu'un d'autre ! J'espère simplement que j'aurais encore suffisamment d’années devant moi pour mettre à jour tout ce que je souhaite.

    Quelle est la matière que vous préférez travailler ?

    L’acétate de cellulose, car presque naturelle. Non naturelle à 100 % parce qu'on ajoute des pigments chimiques car les pigments naturels sont difficiles à trouver. Alors, oui, cela enlève donc à cette matière une certaine noblesse, mais elle demeure semi naturelle, car issue du coton et du bois. Elle est travaillée comme une pâte à papier. Elle a les mêmes propriétés qu’une chemise en coton qui vit, qui subit les intempéries. 
    La lunette peut changer de plusieurs millimètres de taille en fonction de la chaleur et de l’hydrométrie. Si on est soigneux avec elle, et bien, elle vieillira bien comme une bonne bouteille à la cave. C’est ce que j’aime dans cette matière  : elle vit avec le porteur de lunettes !
    Accepter les "rides" de la lunette, c'est le respect que l’on doit à cette vieille paire de lunettes, cette matière qui accompagne l’âme et l’évolution. Alors que le métal est une matière froide, immuable, et cela, ne colle pas, cela sonne le faux. C'est comme la femme qui a peur de vieillir et qui se fait injecter tant de produits, que son visage ne bouge plus. Il est immuable. Pour moi, cela c'est la mort. Je suis contre intervenir pour stopper le vieillissement, je suis pour préserver son capital, se soigner, se nourrir d'une façon équilibrée, s'entretenir. 
    "Voyez" l'acétate est une matière qui est en symbiose avec l'âme des gens, leur évolution et j'aime cette idée !

    Qu’est-ce qui vous inspire ?
    Tout m’inspire : la Vie, le quotidien. Je suis captif, je suis une éponge, j’observe, je dérange. C’est une déformation professionnelle. Je déforme, reforme, je réinterprète, restitue... 
    La création pour moi, ce n’est pas d’aller à une exposition. L'inspiration, c’est ce que je vis au quotidien, dans la nature…C’est une démarche naturelle. Je ne livre pas des inspirations de tendances ou encore je suis des courants. Non ! Je ne m’inscris pas dans les tendances modes, couleurs, formes. Je suis mon bonhomme de chemin, ou à l’opposé. Je suis moi, je livre l’interprétation de ma vision. Je pense que des personnes vont se reconnaître dans mes créations. La création c’est un partage, c’est offrir quelque chose d’intime et, non "marketé" avec des "codes business".

    Créateur de lunettes, envisagez-vous de créer d’autres types de produits et si oui, lesquels et pourquoi ?
    J’ai envie de créer plein de choses et mon temps, je le consacre à mes passions personnelles. Le temps m’est compté et je n'arrive plus à avoir la démarche d’entreprendre des nouveaux produits. J’adorerai faire une ligne de cosmétiques, par exemple. Aujourd’hui, je passe ma passion dans la voiture et je me limite à mon métier de lunettes. Je suis un chef d’entreprise lessivé par l’hypocrisie du système politique et économique et, j’ai été chercher dans la création, une liberté. Je suis obligé de rendre des comptes tout le temps : obligation de résultat, de bilan, ratio, niveau de stock. Je suis obligé de rendre des comptes à l’administration, au fisc et impossible de faire son travail correctement. Je fais encore une bonne partie de mes lunettes en France.  Je sélectionne des artisans, je leur apporte du travail et ils me permettent d’exister, de garder une patte non possible en Chine. Aujourd'hui, on est dans un monde infernal du manque de respect, on se détruit. Moi,  je ne peux pas cautionner cela, je me retire doucement, je maintiens, mais je ne vais pas au delà.

    Alain Mikli et le glamour, Alain Mikli et les people cherchez la star :)


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